dimanche 11 février 2007

A propos des Dictons Lorrains

REMARQUES CONCERNANT LES DICTONS LORRAINS

On retrouve dans les dictons Lorrains la présence du Câd Goddeu à la date du 1er Mai de la fête Celte de Beltaine qui fut dédiée à Saint Philippe par le Christianisme.

Journée de la plantation du « mai » sur les places publiques, devant les maisons des notables qu’on voulait honorer (ces « mais » à oriflammes, à girouettes, à couronnes, parfois garnis d’une bouteille de vin apparurent aussi devant chez l’élu, au lendemain d’une élection), mais surtout au beau milieu du fumier, devant les fermes ayant l’avantage d’abriter une fille à marier.

Le « mai » prenait alors le nom de « boquet » et, selon l’essence de bois choisie, selon la forme donnée au « boquet », l’amoureux, le dépité, le jaloux délivraient un message transparent, non seulement pour la jeune fille, mais pour l’ensemble de la paroisse.

Le charme distinguait les demoiselles d’excellent caractère :

Du charme à celles qui charment,

l’aubépine les madrées :

Des épines pour les malines,

le chêne les élues du coeur :

Amour de chêne, amour « je t’aime »

Il y avait de la ressource en matière d’anathème, de dénonciation de l’inconstance et de la légèreté :

Amour de fusain (fuseau : hêtre ou épine vinette), amour de putain.

Mettez-vous un peu dans la situation de la donzelle qui, en ouvrant sa fenêtre, apercevait au beau milieu du fumier paternel un bouchon de paille piqué au bout d’un bâton ou - suprême injure - une branche de saule desséchée à laquelle pendaient, au bout de vieilles ficelles, quelques coquilles d’escargots.

L’orme était un hommage à la fidélité :

Amour d’ormieu, tu es un pieu.

L’aunelle à la virginité :

De l’aunelle pour les bacelles.

La logique aurait voulu que le sapin serve d’hommage à la « bonne ménagère », experte en travaux... d’aiguilles, mais c’eût été trop simple au gré des faiseurs de dictons. Par goût de la rime, ils n’hésitent pas à casser des réputations (nous parlons de celle des arbres). Ils décrêtèrent :

Des sapins pour les propres à rien.

Si bien que l’arbre de Noël, transféré au premier mai, était l’arbre de la honte pour la demoiselle devant qui on le plantait. Et pas moyen d’en appeler de ce jugement à Saint-Philippe, trop bon juge dans le domaine de la peine des femmes à l’ouvrage.

Ces dictons dont nous retrouvons ici la trace indiscutable nous apporte peut-être quelques réels détails nouveaux sur le caractère de ces arbres :

Le chêne est dédié à l’amour, l’hêtre à la prostitution, le saule était une injure, l’orme représentait la fidèlité, l’aulne la virginité, l’aubépine la ruse et le pin pour les propres à rien !

Notez que c’est au bout d’une branche de saule que pendent les coquilles d’escargot attachées à une ficelle. On peut traduire cela symboliquement par « le saule est l’arbre qui soutient l’axe du monde ». Et c’est tout à fait ce qu’il se passe avec la pointe du Faez qui soutient le Mont Saint Jean. Je rappelle que le lieu dit Saule Coulon se trouve à la pointe Nord, coté Est du Faez. L’axe du monde en ce lieu (car il y en a d’autre) est le méridien de 4,3 gr. Et les coquilles d’escargots sont bien évidemment les courbes géométriques du parcours du soleil au levant ET au couchant tout au long d’une année. La branche de Saule est un bras de levier et ce n’est pas pour rien, si nous trouvons le lieu dit Bratte.

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