jeudi 8 février 2007

Le Fanum de Belleau

Grâce à Mr Vautrin cultivateur à Belleau qui nous a signalé des tuiles à rebords, ramassées sous la côte du Buzion ; nous trouvâmes, dans un terrain appartenant à Mr G. Frenez, au lieu dit au Sagnon, parcelle 328, section ZKI du cadastre de Belleau, les indices d’un habitat gallo-romain affleurant dans les cultures.



Après avoir obtenu l’autorisation du propriétaire, notre équipe composée de M M. Cayet, Geindre et Schnieder auxquels s’est joint une jeune recrue, Pascal Gaire, a pu mettre au jour une curieuse construction gallo-romaine, située à mi-côte et surplombant, face au nord, la vallée de la Natagne. Cet édifice que nous avons fouillé de septembre 1967 à juin 1968, complète l’étude entreprise et relative aux habitats gallo-romains érigés le long du chemin saulnaire reliant Château-Salins à Scarpone.



La tradition a d’ailleurs baptisée cette route du nom évocateur de « chemin des romains ». La voie est encore nettement visible à travers champs à l’Est du col de Sivry, sur le territoire de Moivrons. Nous pensons y effectuer prochainement des sondages afin d’en étudier les structures.

A- Les bâtiments :

L’édifice mis au jour se compose de deux pièces contiguës et ayant un angle commun. Les sondages effectués aux abord de ces deux pièces, n’ont pas montré la présence, à proximité immédiate, d’autres constructions.



1°) Salle A :

Cette salle dont le mur Nord-Est a été arraché par les cultures peut avoir eu des côtés de 4 mètres sur 4. L’épaisseur des murs est de 0.65 m ; l’appareillage est régulier. Le sol bétonné est situé au niveau de –0.50 m. Au cours du dégagement de cette salle, nous n’avons recueilli que de nombreux fragments de tégulae et d’imbrices, des clous de charpente et quelques fragments d’enduit de teinte lie-de-vin, à l’exclusion de tout autre mobilier.

2° Salle B :

Le niveau du sol de cette pièce est situé à 1 m 25 par conséquent à 0.75 m du niveau de la pièce A. L’épaisseur des murs est encore de 0.65 m. Au Nord-Est, une porte de 1 m 20 de largeur y donne accès. Le mur Sud conserve à 1 m de hauteur et sur 1 m 20 de longueur une corniche en pierre débordant d’environ 0.10 m. Nous avons relevé sur les murs Nord, Sud et Est des fragments d’enduit gris-bleu encore en place. Cet enduit est identique à celui recouvrant le béton du sol, le raccordement entre murs et sol étant fait à l’aide d’un congé de 3 cm de rayon environ. Par contre, le mur Est conservait encore une peinture à la fresque dont nous parlerons plus loin. Contre ce mur et dans son axe médian, nous avons mis à jour un petit dallage en brique plates, formant un socle de 0.65 x 0.60 environ. L’absence de toute trace de feu tant sur ce dallage que sur les peintures murales ne nous a pas permis de retenir l’hypothèse d’un foyer. Par contre, étant donné la situation de ce petit édifice, il nous paraît plausible que sa destination est été de servir de socle à une statue. A cet égard, nous devons signaler, qu’une statue de Mercure (sic) a été trouvée dans un verger à proximité de cet édifice avant la dernière guerre. Cette statue entreposée à la Mairie de Belleau a disparu lors de l’anéantissement du village dans l’hiver 1944-1945.

B- Les peintures :

Nous avons parlé plus haut des peintures du mur Est, ces peintures encore en bon état de conservation lors de leur mise à jour, ne présentaient qu’un décor géométrique. D’autres part, lors de la fouille de la salle B, nous avons trouvé un nombre important de fragments de peintures et de modèles divers ainsi que des fragments de moulures à base de plâtre mélangé à de la paille hachée.



Dans cette même salle, nous avons découvert un graffiti sur un morceau d’enduit lie-de-vin. La traduction de ce graffiti n’a pu être effectué complètement. Nous pouvons cependant lire, en dernière partie le nom de la déesse ISIS.

Conclusion :

En l’absence de tout mobilier usuel (un seul fragment de coupe en pierre a été trouvé), nous pensons que ce curieux édifice a dû être un fanum peut être dédié à Mercure (s’il y a relation entre cette construction et la statue trouvée à proximité) ce fanum a-t-il trouvé en la déesse ISIS une autre divinité que les habitants de la vallée de la Natagne venaient adorer ? Souhaitons que l’avenir puisse nous donner la solution de cette petite énigme.

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