Ciel de Septembre

Nous sommes à l’équinoxe d’automne : les nuits sont redevenues égales aux jours. Je ne rappelle pas l’aspect que présente le ciel du côté du Nord, puisque les constellations sont toujours les mêmes et que leurs positions respectives seules sont modifiées. A minuit le 20 septembre, le ciel Nord offre le même aspect qu’il présentait le 20 décembre à 6 heures du soir, le 20 mars à midi et le 20 juin à 6 heures du matin.



Au Sud, on aperçoit vers l’Ouest deux branches de la Voie lactée et près de l’une d’elles, la plus orientale, brille Altaïr, de la constellation de l’Aigle.
Tout à fait à l’Est, voici deux étoiles de 1re grandeur : Aldébaran, de la constellation du Taureau, à la droite de laquelle on aperçoit les Pléiades ; Rigel, de la constellation d’Orion, qui se lève, et qu’on voit tout près de l’horizon.
Presque au centre du tableau, à une faible distance de l’horizon, voici une belle étoile de première grandeur, Fomalhaut, de la constellation du Poisson Austral.
Il existe deux constellations qui portent le nom de Poissons. L’une, appelée les Poissons sans épithète, est une constellation zodiacale que le Soleil traversait jadis au mois de février et qu’il traverse maintenant en mars, à l’équinoxe du printemps. On peut la voir en septembre, à peu près au centre du tableau que nous offre le ciel Sud, à l’Est du Poisson Austral, mais elle ne contient que très peu de belles étoiles. La légende de ces poissons est curieuse. On raconte « que deux poissons trouvèrent un oeuf et le roulèrent sur le rivage ; il fut couvé par une colombe et Vénus en sortit ». D’autres auteurs affirment que ces poissons « sont ceux dont Vénus et l’Amour prirent la forme pour échapper à Typhon ».
Le Poisson austral, placé au Sud-Ouest des Poissons, n’a pas la même origine. Il passe pour avoir, dans je ne sais qu’elle circonstance, sauvé la vie à la déesse Isis, « et c’est en reconnaissance de ce service qu’il fut placé, lui et ses enfants, les Poissons du zodiaque, au nombre des constellations. Les Hébreux le nomment Dag, et les Arabes Haut. Les Egyptiens avaient placé la tête d’Isis vers le bord des deux constellations des Poissons et du Poisson Austral, parce qu’à l’époque où le Soleil entrait dans cette constellation, se pratiquait l’ouverture des digues. Thaut ou Thoth, ou par corruption Haut, signifiait épanchement des eaux. »
La belle étoile Fomalhaut est appelée la bouche du Poisson ; elle reçoit l’eau que lui donne le Verseau, constellation zodiacale que nous apercevons sur le ciel de septembre, un peu à l’Ouest du Poisson.
Le Verseau, dont nous avons déjà parlé, a porté bien des noms différents. On l’a successivement appelé l’astre de Junon, Deucalion, Aristée, Ganymède, l’Urne, ce qui indique assez que les légendes relatives à cette constellation sont multiples. « Les poètes ont prétendu que c’était Deucalion, le père du genre humain, que les hommes déifièrent par reconnaissance. D’autres veulent que ce soit Cécrops, qui, venu d’Egypte en Grèce, bâtit la ville d’Athènes. D’autres ont dit que c’était Ganymède, jeune homme d’une extrême beauté, que Jupiter fit enlever par un aigle (l’Aigle est également au ciel) pour servir le nectar à la table des dieux... D’autres tirent l’origine de cette constellation du débordement du Nil. » Un poète latin, Manilius, célèbre en ces termes l’influence du Verseau : « Le Verseau, ce signe qui, penché sur son urne, en fait sortir des torrents impétueux, influe sur les avantages que nous procure la conduite des eaux : c’est à lui que nous devons de connaître les sources cachées dans le sein de la terre, et c’est lui qui nous apprend à les élever à la surface, et à les élancer vers les cieux, où elles semblent se mêler avec les astres. »
Je signale enfin, à l’Ouest des Poissons, la constellation de la Baleine, dans laquelle se trouve l’étoile Mira, célèbre par ses variation d’éclat. La Baleine nous rapelle la colère de Neptune, qui, voulant se venger d’Andromède, envoya une baleine pour la dévorer. Heureusement, le courageux Persée livra combat au monstre et le tua.